La peinture est un mode de représentation souvent bidimensionnel qui implique une connaissance de la dimension esthétique de ce qui nous entoure.
La sculpture, elle, est plus libre; elle est « libre comme l’esprit, complexe comme la vie ».
Une sculpture n’est pas un objet, elle est une interrogation, une question, une réponse. Elle ne peut être ni finie, ni parfaite.
Même si le métal est une matière exigeante, il recèle d’immenses possibilités; son passage au feu le rend malléable mais il reste marqué par les coups qui lui sont portés pour le façonner et reste déformé par les forces qui l’ont tordu.
Le métal permet d’évoluer dans des espaces complexes, d’explorer de nouveaux équilibres, d’exprimer d’étranges impudeurs. Il permet de créer des « formes en devenir » où l’objet plastique n’est pas le même selon l’angle avec lequel on le regarde.
Spontanément, un artiste préfère tout de suite travailler la matière plutôt que de conceptualiser; il cherche à traduire un ressenti, il est guidé par l’émotion.
Ma démarche est sensiblement différente. Dans un premier temps, j’essaye de faire abstraction de l’émotion. L’émotion est un état de conscience complexe mais momentané; elle est le marqueur de l’état affectif de l’artiste. Cet état affectif peut être ressenti comme agréable (la beauté, la joie, le plaisir, …) ou désagréable (la laideur, la tristesse, le déplaisir, …). L’émotion génère une modification d’équilibre de l’état affectif. L’émergence émotionnelle est instable; elle est un état du Moi, une pulsion.
Mais l’émotion est aussi un partage. La création s’accompagne de la mise en place de formes et de volumes qui pourront évoluer, être adaptés, modifiés. L’assemblage de ces formes et volumes soutient la conceptualisation, l’interrogation. Ce n’est qu’ensuite qu’il est possible de s’attacher à l’émotion, de vivre toutes ses exaltations et plonger dans les formes composites de ses rêves.
Painting is an often two-dimensional which implies a knowledge of the esthetic dimension of the world.
The scuplture is freer; it is « free like spirit, complex like life. »
A sculpture is not an object, it is an interrogation, a question, an answer. It can be neither finished, nor perfect.
Even if metal is a demanding matter, it conceals immense possibilities; its passage to fire makes it malleable but it remains marked by the blows which are dealt to it to work it and remains deformed by the forces which twisted it.
Metal makes it possible to evolve in complex spaces and to explore new balances. It makes it possible to create « forms in becoming » where plastic object is not the same one according to the angle with which one looks at it.
Well beyond, the sculpture plunges us in the composite forms of our dreams.